Biographie

J’ai quitté, jeune, mon pays natal. J’ai vécu sur plusieurs continents des tranches de vie successives. Ce parcours personnel dans l’espace et dans le temps m’a particulièrement sensibilisé aux questions d’identité qu’elle soit physique, sociale, ou culturelle.

Un sens aiguisé de l’observation

Un parcours personnel

Il a également contribué à développer chez moi un sens aiguisé de l’observation, de la comparaison, de la mise en relation, et de la remise en question. Et il a aussi rendu vivace le sentiment de nostalgie, consacré enfin la fuite du temps. Ces réflexions, ces émotions, je les ai exprimées dans ces travaux sur l’image : mes compositions sont le reflet d’un engagement personnel, d’une prise de position ; je les conçois comme un acte militant. Car le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui devient rapidement de plus en plus complexe, incertain, et les inégalités, l’intolérance et les violences gagnent du terrain.

Mes photographies ne se veulent pas être le pur enregistrement d’une vérité directement visible et accessible, mais souvent le point de départ d’une contemplation, le témoignage du temps qui passe et de la nostalgie qui l’accompagne.

Bâtir une vision du monde

Un point de vue objectif

La palette des couleurs est donc réduite, souvent centrée sur le gris dont les nuances, elles, sont infinies. Le gris est alors le fidèle représentant d’un monde évanescent, difficilement saisissable, et symbole du brouillard des idées qui tantôt deviennent claires tantôt s’obscurcissent. J’utilise aussi mes photographies comme matière première pour construire des œuvres graphiques constituées par la superposition de calques qui sont autant d’attributs de la réalité.

Ils me permettent de par leur transparence localisée et de par leur empilement de bâtir une vision du monde que je considère plus complète, donc plus objective, qui se situe au-delà des frontières naturelles ou arbitraires ; et de mettre ainsi à distance les stéréotypes et les tentatives d’uniformisation. Je suis alors habitée par le sentiment du devoir accompli.

Artiste française, Monika Ruiz B présente également des images en noir et blanc très contrastées dans sa série documentaire sur la communauté gitane de Douchy du sud de la France. Aux échos de Diane Arbus, Ruiz présente des photographies qui mettent en scène des étrangers, mais qui nous emmènent aussi hors du temps.

Par l'utilisation d'images en noir et blanc très contrastées, combinées à l'apparence intemporelle des membres de la communauté Douchy, les photographies semblent avoir été prises en 1950.

Cette sortie hors du temps, se marie à la notion d'outsider qui imprègne les images. Ruiz B photographie des « étrangers » et ses sujets regardent son objectif de manière à nous rappeler qu'elle est elle-même une étrangère pour eux.

Texte d'Yvette Hamilton — avec Bobby Vila

" J’ai vécu sur plusieurs continents des tranches de vie successives "